Histoire de l’église de ST Louis de Vincennes
St Louis rendant la justice sous un chêne- Fresque de Maurice DENIS-1927
L’église de st Louis de Vincennes date du premier quart du XXème siècle.
Les travaux commencent en juillet 1914, et l’église est consacrée en novembre 1924. Mais il faudra attendre encore 1935 pour achever la décoration et le campanile.
Novembre 1924 voit également la création de la paroisse Saint-Louis de Vincennes … et Saint-Mandé, car le territoire de la paroisse s’étend sur les deux communes.
Une église classée par les Monuments historiques
En 1996, l’Etat décide de classer l’église, reconnaissant par là qu’elle est un témoignage remarquable de l’architecture du début du XXème siècle, et de la qualité de sa décoration.
Pourquoi ce classement ?
Une architecture remarquable
L’église est l’œuvre de deux jeunes architectes (30 et 31 ans) qui gagnent le concours lancé par le diocèse de Paris. Jacques Droz et Joseph Marrast n’ont encore rien réalisé.
Leur projet répond aux besoins manifestés par le diocèse pour le culte, en termes d’espace, et de visibilité de l’autel par l’ensemble des fidèles.
Il est novateur par sa conception sur un plan carré, et évoque les églises du Moyen-Orient.
Il est audacieux dans le parti pris de recourir au béton armé –une de ses premières applications – et dans le plan général : deux paires d’arcs (AA’) et (BB’) se croisent à angle droit et portent l’ensemble de la structure. Leur portée n’aurait pas été possible avant l’utilisation du béton armé.
De plus, les architectes se sentent également responsables de la décoration de l’église, et collaborent avec les artistes chargés des décors. De cette façon ils vont assurer l’unité de la décoration jusque dans les détails, unité reconnue comme essentielle dans la décision de classement de l’église.
Une décoration variée, témoin du renouveau de l’art sacré et de l’art décoratif, qui met en œuvre des techniques artistiques alors abandonnées.
Deux peintres se sont exprimés à Saint-Louis.
les repères (x) font référence au plan de l’église.
Henri Marret a été un des rénovateurs de l’art de la fresque, technique utilisée dès l’antiquité, quasiment abandonnée après la Renaissance, avant d’être ressuscitée par Baudouin et Marret. De Marret, voyez d’abord les 14 stations du Chemin de croix (a). Voyez aussi le Tétramorphe (les quatre évangélistes en haut de la lanterne), le Christ pantocrator qui domine l’arc du chœur (b), et à l’extérieur la fresque des Grands saints de France, et le décor de la face inférieure de l’auvent (c).
Maurice Denis s’est aussi essayé à la fresque avec les huit Béatitudes aux écoinçons des grands arcs (d). Son œuvre majeure est cependant (e) la Glorification de saint Louis, qui déploie derrière l’autel un vaste tableau de la société française sous le règne de Louis IX (1214-1270). Pour Denis, qui s’est affirmé à cette époque comme un théoricien et un défenseur de l’art chrétien, cette œuvre –réalisée avec une nouvelle technique picturale, le STIC B – est aussi un manifeste de ses convictions.
Il faut aussi évoquer le céramiste Maurice Dhomme, qui a, lui aussi, fait revivre ici un art disparu depuis la Renaissance. Ses réalisations à Saint Louis donnent une tonalité lumineuse d’autant plus forte qu’elle contraste avec la rigueur de la meulière et de sa brique. La teinte dominante de ses décors est certes le bleu, mais allié à des roses délicats, à des verts ou des mauves subtils, dans les nombreux décors que Dhomme a réalisés, pour la table de communion (f), la chaire à prêcher(g), son abat-voix, les revêtements du maître autel, et quatre statues des saints (h).
Il y a également deux sculpteurs à Saint-Louis de Vincennes : Carlo Sarrabezolles pour la grande statue (sur béton) de saint Louis à l’extérieur (i), à droite du portail d’entrée. Et Armand Boutrolle est l’auteur d’un Sacré-Coeur et d’une Vierge à l’enfant sur les autels latéraux (j)
Raymond Subes a fait revivre une technique abandonnée depuis le XVIIIème siècle, celle de la ferronnerie élaborée « au feu ». Il est, à Saint-Louis, l’auteur des portes des tabernacles, des grilles des tables de communion, de la grille qui entoure à l’extérieur la statue de saint Louis, comme de celles qui entourent trois des quatre statues de saints dans la nef, et de nombreux objets cultuels (chandeliers, crucifix, croix d’autel…)
De la gloire à l’oubli, et vers une renaissance
Dès sa consécration en 1924, l’église et son décor firent l’objet d’une réelle admiration, et inspirèrent d’autres bâtiments du culte. Jusqu’à ce que les goûts et les théories évoluent. Alors l’église Saint-Louis, cachée derrière les immeubles du quartier, à peine visible, tombe un peu dans l’oubli.
Le classement de l’église en 1996, le renouveau de l’intérêt du public pour l’art du début du XXème siècle, et l’engagement des paroissiens convaincus de la qualité de cet édifice, permettent de croire en une renaissance de l’église Saint-Louis.
Un vaste programme de restauration a été mis en œuvre, avec le soutien des pouvoirs publics. Une première étape a été franchie, dont les résultats sont déjà visibles.
D’autres étapes sont en projet.
Sur la tribune, un orgue neuf (2016) du facteur nantais Denis Lacorre. Cet instrument, conçu dans l’esthétique musicale, dite « néo-classique », des années 1930, est doté de 32 jeux sur trois claviers/pédalier.
Lien vers le blog de Narthex sur » l’orgue de Saint Louis se dessine ».
Bien évidemment, un tel programme de restauration est onéreux et excède la capacité financière de la paroisse, d’autant que, construite après la loi de 1905, l’église n’est pas la propriété de la commune.